Tribune d’Emmanuel Grégoire et Céline Hervieu, parue dans Libération le 24 septembre 2024.
Face à l’ampleur de la crise du logement à laquelle sont confrontés nos étudiants, dont des milliers se retrouvent encore sans résidence à l’approche de leur rentrée, nous alertons sur les effets de la pénurie de logements sur les conditions de vie et les trajectoires des étudiants. La situation est d’une extrême gravité. C’est pourquoi nous demandons la réquisition urgente de logements à l’approche de la rentrée, le renforcement des APL en zones tendues, et, afin de d’inciter à la mise en location de nouveaux logements, une plus forte taxation des résidences secondaires.
Paris, ville étudiante par excellence, où se concentrent 400 000 étudiants, mais aussi Paris, capitale du tourisme mondial, où le nombre de logements vacants, de résidences secondaires et de locations saisonnières est en constante hausse, connaît une crise structurelle du logement qui se caractérise par une chute du nombre de biens en location et une hausse inédite des loyers. Le coût moyen de la vie est de 1333 € par mois pour les étudiants à Paris, ce qui est non seulement bien supérieur aux autres métropoles mais aussi largement inabordable à une période de la vie où l’on devrait pouvoir se consacrer pleinement à ses études. Aujourd’hui un étudiant sur deux saute des repas. Cette crise contraint de nombreux étudiants à cumuler des emplois précaires, à recourir à des distributions alimentaires, et parfois à abandonner leurs études. La crise des logements a donc des conséquences sur leur santé physique et mentale, tout comme sur leur réussite scolaire. Elle intensifie encore les inégalités entre les étudiants modestes et les autres.
Nous appelons l’État à prendre la mesure de cette crise et à prendre acte de sa responsabilité.
La Ville de Paris a mené une politique volontariste, par laquelle elle assure presque seul le maintien de la population étudiante dans la ville, grâce à l’introduction de l’Aide à l’installation dans un Logement Étudiant, la mise en place d’une assurance habitation pour les locataires parisiens, notamment étudiants, sur critères sociaux, la livraison de plus de 600 logements étudiants par an, l’encadrement des loyers. Toutefois, la Ville de Paris ne dispose pas des compétences et des moyens pour répondre à la crise du logement étudiant, sans le concours de l’État.
C’est pourquoi il est nécessaire :
- De réquisitionner de façon urgente une partie des 200 000 logements laissés vacants à Paris.
- D’augmenter significativement les APL en zones tendues. La réforme des APL a particulièrement touché les jeunes et les étudiants, aggravant ainsi leurs difficultés financières.
- De doubler, voire de tripler, la taxe sur les résidences secondaires afin de remettre sur le marché locatif près de 100 000 logements.
Alors que les promesses de construction de logements sociaux étudiants n’ont pas été tenues, que la proposition du repas à 1 € pour tous les étudiants a été refusée, et que la baisse des APL a dramatiquement précarisé les jeunes, il est plus que temps d’adopter enfin une politique ambitieuse, juste et à la hauteur de la situation. Les étudiants paient trop cher le prix d’une inaction continue.
Emmanuel Grégoire
Député et conseiller de Paris
Céline Hervieu
Députée et conseillère de Paris