Fleuves en scène : célébrer l’eau comme héritage des Jeux ! – Tribune

mardi 8 octobre 2024

Six députés, dont Emmanuel Grégoire, élu de Paris et ex-premier adjoint d’Anne Hidalgo, proposent, pour faire vivre l’héritage des Jeux olympiques, la création d’une fête annuelle autour des fleuves et des rivières de France. Tribune parue dans Le Nouvel Obs le 8 octobre 2024.

Paris est depuis toujours, par son brassage et son histoire, garante d’une culture vivante, populaire et audacieuse. La gauche n’y est pas étrangère : de la création de la Nuit blanche, au début des années 2000, à l’effervescence sportive de l’été 2024, nous avons toujours veillé à ce que la culture demeure un pilier fort de l’identité de notre ville, de notre métropole et de ses habitants. Nous l’avons fait parce que les arts, le sport, les lettres, les sciences permettent à chacun de s’exprimer et à tous de se rencontrer.

A ce titre, la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris fut une démonstration inédite de la puissance de la culture, en ramenant à échelle humaine ce qui semblait démesuré jusqu’alors. Une preuve s’il en fallait que la culture a encore un poids politique, qu’elle peut encore jouer positivement et à grande échelle sur les affects de nos concitoyens. En faisant Seine ouverte sur le monde, alors que la nation était aux prises avec l’extrême droite, Paris fut, le temps de quelques heures, tout à la fois symbole et réalité du destin commun qui unit non seulement les Parisiens mais aussi les Français.

Cette célébration sur la Seine rendue à Paris et à la France nous donne la responsabilité d’en assurer l’héritage, et d’en faire un projet politique au service de notre vie en commun.

Thomas Jolly, génial concepteur de la cérémonie d’ouverture et brillant metteur en scène, a récemment émis l’idée d’« un grand spectacle offert à la population » comme écho régulier et durable des Jeux, tout en souhaitant redonner aux Français le goût de l’art et du théâtre.

Nous ne pouvons que le rejoindre. Certaines villes ont déjà des rendez-vous bien identifiés célébrant des lieux remarquables de leurs patrimoines – remparts, vieilles villes ou ports, par exemple – en les associant au spectacle vivant, à la danse, au théâtre, aux lumières. Il n’y a qu’à voir la vitalité et la force de résistance et de poésie des reprises de Nuit blanche dans la métropole du Grand Paris, de l’Eté du Canal en Seine-Saint-Denis, de la Fête du Fleuve à Rouen, du festival Debord de Loire à Nantes ou du cinéma d’art et d’essai à travers le pays comme le Vivarais à Privas (Ardèche), l’Utopia à Avignon ou encore le cinéma estival en plein air porté par l’association Cinémanouche à Bonnieux (Vaucluse), comme de tant d’autres évènements. La France est connue pour ses grands festivals internationaux évidemment, mais son rayonnement et son pouls sont aussi ceux d’initiatives locales portées par un tissu associatif et militant qu’il ne faut pas lâcher.

La Seine, nouvel espace de vie

Il faut l’encourager, et aller plus loin. La culture a montré qu’elle peut unir. Elle peut faire bien plus. C’est pourquoi nous, élues et élus socialistes, nous proposons la création de Fleuves en scène, une fête annuelle qui se déroulera autour des fleuves, des rivières – de l’eau qui traverse chaque commune de notre pays – afin de permettre aux Français, par la culture, de se sensibiliser à ce bien commun et à notre besoin urgent d’en prendre soin. Il s’agit d’utiliser le pouvoir unificateur du sport, des arts, des lettres, des sciences pour le mettre au service de l’environnement.

À Paris, Fleuves en scène valoriserait l’ouverture au grand public de la baignade dans la Seine, prévue pour 2025, et célébrerait ce nouvel espace de vie. Mais cette célébration ne devra pas s’y limiter. Dès lors, travaillons ensemble, avec les collectivités qui voudront nous accompagner, à une première édition.

Cet été restera comme la preuve éclatante que les grands rendez-vous populaires, à l’extérieur, accessibles à tous, sont le meilleur moyen de lutter contre bien des maux qui accablent notre société. Cette cérémonie ne peut donc pas rester une promesse sans lendemain.

Embrassons la responsabilité qu’elle nous donne, construisons son héritage en gardant, comme Thomas Jolly, l’ambition de s’adresser au plus grand nombre. En tant que responsables politiques, notre premier défi est de permettre à la culture de jouer son rôle dans l’ordre du monde, à Paris comme ailleurs. Célébrons demain notre patrimoine naturel exceptionnel et les corps qui l’animent, avec une fête brillante où tout le monde a sa place.

Signataires :

Emmanuel Grégoire, député et conseiller de Paris

Fatiha Keloua-Hachi, députée de Seine-Saint-Denis et Présidente de la Commission des affaires culturelles

Céline Hervieu, députée et conseillère de Paris

Florence Hérouin-Léautey, députée de la Seine-Maritime

Christophe Proença, député du Lot

Pierrick Courbon, député de la Loire

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