Il y a douze ans, le 23 avril 2013, la France adoptait la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Ce jour-là, nous avons fait un pas immense. Mais il ne faut jamais oublier à quel prix. Les mois qui ont précédé ont vu s’exprimer une haine décomplexée, des slogans ignobles, des familles divisées, des enfants blessés, et des militantes et militants menacés. Nous avons gagné une bataille, celle de l’égalité devant la loi, mais pas la guerre.
Depuis douze ans, des milliers de couples se sont unis, des familles ont été reconnues, et les cœurs ont battu plus fort dans nos mairies, à Paris comme ailleurs. Mais l’égalité réelle ne se résume pas à un droit symbolique. Encore aujourd’hui, en 2025, être LGBTQI, c’est trop souvent être plus exposé·e à la précarité, au rejet, à la solitude. Les jeunes LGBTQI sont surreprésentés parmi les personnes sans-abri. L’accès aux soins, notamment pour les personnes trans, reste un parcours d’obstacles. Dans l’entreprise, les discriminations perdurent. Et dans l’espace public, la peur est encore trop souvent une compagne de route.
Je le vois chaque jour, à l’Assemblée, où je suis co-président du groupe d’études sur les LGBTQIphobies, au contact des associations, des jeunes, des professionnels de terrain : la promesse républicaine reste incomplète. Les LGBTQIphobies ne reculent pas toutes seules. Il faut des politiques publiques fermes, volontaristes, construites avec les premiers concernés. Et il faut des élus qui en fassent une priorité, pas un supplément d’âme.
Paris ne peut pas se contenter de commémorer et de célébrer. Elle doit agir. Capitale des droits, elle doit rester ville-refuge, où l’on peut vivre librement, s’aimer ouvertement, se soigner dignement, travailler sans peur. C’est cette ville dont je veux poursuivre la construction. Une ville où chaque centre d’hébergement accueille sans condition. Où chaque poste de police prend les plaintes au sérieux. Où les professionnels de santé sont formés. Où la jeunesse LGBTQI trouve soutien et reconnaissance.
Douze ans après le mariage pour tous, notre devoir est clair : ne pas nous endormir sur nos victoires. L’histoire avance, mais elle peut aussi reculer. En 2026, Paris doit faire le choix de l’égalité concrète, vécue, quotidienne. Ce combat est celui de la justice. C’est le nôtre.